Continuation (PV Ajoncs)

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Loup Nocturne était amusé du parcours qu'il ferait cette nuit là. En effet, après être passé par le Camp de la Tribu de la Lune Montante, son ancienne Tribu, il se dirigeait désormais vers le Camp ennemi, celui de l'Eau Vive. La Tribu originelle. Celle qui existait depuis longtemps et qui, en s'assemblant avec des chats de Clans avait créé deux tribus. La sienne et celle de la Lune Montante. Le mâle sombre n'était jamais allé dans cet endroit, qui lui était interdit, mais il savait que ses ancêtres y avaient sûrement vécu. Le bruit de la cascade le sortit de ses songes et il regarda autour de lui. Tout lui était étranger. Il frissonna en voyant toute cette eau tomber ainsi. Et dire qu'il allait devoir passer en dessous. Bien sûr, il savait que l'eau ne le toucherait pas, car il n'était pas matériel, mais juste l'impression de voir le liquide lui tomber dessus suffisait à le faire trembloter. Il se reprit néanmoins. Il avait un devoir à accomplir. Prenant son courage à deux pattes, il s'avança, et en grimaçant, traversa. Il arriva dans une large grotte. Tous les félins semblaient dormir et Loup Nocturne Qui Hurle Sous La Lune prit la direction de la caverne du Meneur. Il tomba presque aussitôt sur la vision du Chef, endormie. Il s'avança et murmura, pour le "réveiller" en douceur. Enfin, réveiller, pas vraiment, puisqu'on ne le verrait qu'en rêve.

" Etoile d'Ajoncs? M'entends-tu?"

Je rêvais. Ou plutôt je cauchemardais, si pareil verbe existait. Je courais sans m'arrêter dans une noire forêt. Les arbres défilaient, défilaient... J'avais l'impression que la végétation autour de moi n'avait pas de fin, qu'elle passait en boucle devant mes yeux... Peut-être était-ce le cas... Je ressentais la terreur d'une proie traquée, traquée sans relâche par un ennemi. Mais lequel ? Pourquoi courais-je sans but ? Quel était mon ennemi ?
Je me retournais brusquement, faisant face à mon adversaire. Je ne put voir qu'une ombre se dissipant, celle d'une chatte au pelage crème. Un ricannement diabolique résonna dans ma tête, puis, un mot, psalmodié, répété, martelant mon crâne, comme pour ne pas que je l'oublie. Terreur, Terreur ! J'allais mourir, me disait cette voix, je vais te tuer, me convaincait-elle ! Je ne mourrai pas... je ne mourrai pas... je ne mourrai pas ! Je ne mourrais pas si je m'éveillais !
Terrifiée, j'ouvris les yeux. Il faisait nuit. J'entendais la respiration de félins endormis, en bas, et le doux bruissement de la cascade. Je respirais avec délice l'air frais. Ce n'était qu'un songe ! Pourtant, j'étais aussi essouflée qu'après une course dans les bois, et les images de mon cauchemar ne se dissipaient pas. Je me recouchais sur ma litière, et je me rendormis presque aussitôt. Cette fois, j'étais au Deux saules, et leurs ombres planaient au dessus de moi. Leurs longs rameaux étaient dénudés de feuilles, comme à la saison des neiges. Pourtant, il ne faisait pas froid. Puis il me sembla qu'un esprit s'avançait doucement derrière moi. Une voix me parvint.

- Etoile d'Ajoncs ? M'entends-tu ?

Je tournais vivement la tête. Un chat me regardait. Il me disait très vaguement quelque chose, avec ces yeux étranges, qui semblaient fixer un point derrière moi, comme si je l'avais déjà vu. C'était surement le cas. Sans doute était il de la tribu adverse, mort au combat, de maladie, ou encore à la chasse. Je lui répondis, l'esprit tout embrumé :

- Oui. Qui es-tu et que désires-tu ?