». Seul. Abandonné de tous. Et en même temps si perdu.
Le vide que le chaton ressentait à cet instant était immense. Il pensait à sa mère, si aimante, si courageuse... Elle venait de se faire tuer par un rapace qui l'avait sauvagement emprisonné dans ses énormes serres puis l'avait roué de coups de becs et de griffures. Elle était partie dans d'affreuses souffrances et le chaton se repassait sans cesse ces images horripilantes dans sa tête tourmentée. Il n'en pouvait plus, il mourrait de froid, il avait faim. Mais la pire douleur à supporter sur ses frêles épaules était la perte de sa mère : qui allait le protéger sur ces terres désolées ? Qui allait l'aimer ?
Tout à ses sombres pensées, il contemplait le paysage désolé qui l'entourait : les crêtes des montagnes enneigées formaient comme une barrière impénétrable à l'horizon et en contrebas du piton rocheux sur lequel il s'était réfugié s'étendait une lande désertique recouverte de neige. Les multiples empreintes de pattes qui tapissaient le sol témoignaient de la fréquentation de cet endroit, ce qui le rendait dangereux et inquiétant. Il s'avouait vaincu lorsqu'il aperçu un refuge situé loin, mais pas inaccessible : une grotte qui paraissait lui tendre ses bras de pierre.
Le jeune mâle tentait de la rejoindre mais il peinait à avancer avec ses fines pattes, et chaque pas était plus difficile que le précédent. La grotte située plus haut lui paraissait hors de portée tant la distance à parcourir était grande. Au bout de quelques heures d'efforts éreintants, il était transi de froid, et la grotte était dorénavant au-dessus de sa tête. Il examina la paroi qui le surplombait et se rendit compte que son courage fut vain : les renfoncements dans la pierre permettaient une bonne adhérence mais ils étaient situés à environ deux mètres de lui, chose dont il ne s'était pas rendu compte en l'examinant un peu plus tôt.
Désemparé, sa volonté détruite, il fit un trou dans la neige et s'installa dedans. A force de côtoyer le froid, il ne le sentait plus, et maintenant le manque de chaleur le brûlait. Il ferma les yeux et pria de tout son petit cœur malmené. Écrasé par la fatigue, ses prières se turent et firent place aux cauchemars.

Il voyait sa mère se faire torturée par l'aigle, et, impuissant et statufié, il ne pouvait pas l'aider. Elle le priait de partir, de se réfugier ailleurs, mais il ne voulait pas l'abandonner. * Pars mon cœur, je veillerais toujours sur toi. Va, mon ange, je t'aime. * Il voulait tant rester à ses côtés, mais il avait envie de fuir aussi vite que ses pattes lui permettaient. Son amour l'emportait : * Non Maman,, je reste avec toi. * Le prédateur, exaspéré, mettait cruellement fin à la vie de la mère du chaton et celui-ci sortait enfin de son hébétude, et s'enfuyait. Ce n'était pas exactement comme ça que ça s'était passé, mais le chaton l'avait ressenti de cette manière...

Une ombre menaçante passa sur le sommet de la montagne environnante. Le chaton, sur ses gardes, suivit l'ombre de ses yeux et regarda au-dessus de lui. Reconnaissant l'animal, il poussa un hurlement à vous glacer le sang et courut se mettre à l'abri. La neige ralentissait sa progression mais il n'abandonnait pas, la peur et la fureur lui donnant des ailes. Malheureusement, le rapace fut plus rapide et plongea sur la pauvre animal terrifié, accompagnant son geste d'un cri triomphal. Le chaton se débattait mais il était férocement maintenu en place dans les serres du prédateur. Malgré son courage, il renonça à s'échapper : le sol s'éloignait de plus en plus et il sentait le vent glacial s'engouffrer dans ses longs poils, l'entourant, le submergeant. Il reconnut l'odeur de sa mère dans ce courant d'air et il essaya d'allonger son cou pour mieux sentir mais l'aigle, d'une simple pression de ses serres sur sa proie, le rappela à la raison. Aussitôt, les effluves disparurent et le chaton se sentit désespérément seul.
Au bout d'un temps qui parut interminable au chaton, le rapace retira enfin son étreinte du corps jeune chat. Celui-ci regarda ses flancs et aperçut nettement la marque que son bourreau avait laissée sur son pelage. Il regarda ensuite l'endroit où il se trouvait, qui était en fait un nid fait de divers brins d'herbes, de fourrure et de duvet. En regardant plus bas, il vit qu'il se trouvait sur un pic rocheux, avec le sol situé 20 mètres plus bas, sans aucun échappatoire éventuel. Il tourna la tête et fit un bond en arrière : trois têtes déplumées se tenaient devant lui : elles avaient deux yeux globuleux, un cou dénué de plume et avaient l'air sacrément affamées. En fait, l'aigle était une aigle ! Et elle voulait nourrir ses petits... Le chaton était confronté à un terrible deal : soit il se laissait dévorer, soit il tentait de sauter, espérant s'en sortir. Néanmoins, il ne se faisait pas d'idée quant à la fin qu'il trouverait en tentant de s'échapper. Il comprit vite, qu'il mourrait dans tous les cas, car l'aigle allait le pourchasser et même si le chaton trouvait un abri, il n'aurait pas de nourriture... !
Prenant son courage à deux mains, il se retourna puis parla à sa mère : * Où que tu sois Maman, j'arrive ! Sache que je t'aime !* Il prit son élan et entendit les petits derrière lui brailler, et l'aigle faire volte-face. C'était trop tard : le chaton venait de sauter. Pendant sa descente, il vit le temps ralentir puis sa vie défiler devant ses yeux, comme le veut la tradition : lui à la pouponnière, sa mère et lui jouant ensemble, heureux. Il reconnut l'odeur de sa mère, comme si elle l'encourageait, rendant cet instant plus facile à supporter.
* J'arrive Maman ! *

Bravo ma mimiss! ♥

Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Ah, je suis trop contente ! ^^
Franchement, merci à tout le monde !