Vision des entrailles de la Terre. |libre|

Je risquais un coup d'oeil dans la grotte sombre. Je posais une patte sur la roche glaciale, puis une deuxième. Plic, ploc, faisait l'eau qui gouttait. Des stalactites semblaient défier les lois de la gravitation, prenant des formes incroyables, le tout accroché au plafond. Celle ci ressemblait étrangement à un chat, un chat étrange, au poitrail démesurément long et vrillé. Et celle là, à un mouton, avec ces petites pattes et ce gros corps en nuage. Je n'en avais vu qu'un dans ma vie, lors du grand voyage, quand j'avais dû gagner les plaines. Les enclos des Deux-pattes en étaient remplis. Ils n'étaient pas méchants, juste bêtes et ne sachant que bêler : bêêêêêê ! C'était rigolo, tous ces formes étranges faisaient revenir des souvenirs oubliés dans les confins de mon esprit. Tout en songeant à donner un nom sur les roches, je ne m'était pas aperçue que je m'éloignais beaucoup de l'entrée. Elle n'était plus qu'un point de lumière au loin. Je stoppais ma promenade, tout en pensant à faire demi-tour en vitesse. Tout au fond dormait l'Ours de pierre, créature légendaire en hibernation éternelle. Mieux valait ne pas l'éveiller, si on tenait à sa vie et à son esprit. Il se nourrissait des souvenirs et des rêves des rares et malheureuse créatures qui avait l'infortune d'entrer dans cette grotte plutôt qu'une autre.
Au moment où je pivotais pour rejoindre la sortie, une nuée de chauve-souris décollerent en poussant des chuintement de peur. Je m'en reçut dans la gueule. Elles avaient l'air terrifiées, et voletaient de manière désordonnée vers la lumière. Intriguée, je m'approchais un peu plus du fond. Cependant j'hésitais. J'étais sur le point de rebrousser chemin lorsqu'un éclair de fourrure blanche attira mon regard. Une chatte. Je me camouflait en vitesse derrière un gros rocher. Mon pelage écaille de tortue ne me permettait pas de passer inaperçue, mais l'inconnue ne me repéra pas. Heureusement pour moi car ce qui suivit me glaça le sang. La chatte cria un ordre dans une langue inconnue, et un instant, le temps sembla être comme déformé, distendu pour obéir à l'ordre arbitraire qui venait d'être lancé. Un feu s'embrasa soudain, décuplant des ombres noires sur la paroi rocheuse. Mon regard s'arrêta sur le foyer. Pas une brindille, et pourtant le feu flambait sur la roche humide. Et le pire fut lorsque j'avisais l'ombre de la chatte crème : elle était immense et demesurée. Et surtout, un trident à trois branches la surplombait. Elle lança un ricanement diabolique qui se répercuta contre les parois rocheuses. Tremblante de terreur, il me sembla que je ferais meux de m'échapper au plus vite. Ma tribu avait besoin d'une meneuse comme moi. Alors je courais à toute vitesse sur la pointe de mes petites pattes. Mais alors que j'atteignais la sortie, elle se retourna et me fixa de ses yeux de braise. Tétanisée, je ne pouvais plus faire un geste. Alors elle ouvrit la gueule, dévoilant une rangée de dent acérées et pointues, comme taillées pour trancher les corps, et déclara d'une voix chargée de haine et de folie :

- Personne ne m'échappera ! Je volerai tes âmes et les mangerai ! Je détruierai ton monde et le controlerai ! Tremblez, je suis Eostra ! TERREUR ! TERREUR !

Puis elle se volatilisa dans un nuage de fumée, et je me réveillais, tremblante de peur, dans la mousse, devant la caverne.

[désoler du hors-sujet mais c'est bien Eostra de chroniques des temps obscures ?]

Clair de Lune organisait les patrouilles et les parties de chasse de la journée. Elle venait de transmettre ses ordres aux guerriers concernés pour qu’ils aillent chercher les autres.
Depuis qu’elle était lieutenante, la chatte comprenait mieux les devoirs de ce rang. Il était difficile de tenir le rythme et, comme tous les autres lieutenants avant elle, elle avait des hauts et des bas. De temps en temps, elle se décourageait mais finissais toujours pour se consoler en pensant que d’autres chats avaient fait ça avant elle, et donc, que ce n’était pas impossible.
Fière de son choix sur les excursions du jour, elle décida de prendre une proie sur le tas de gibier qui devenait de plus en plus garnie. La chatte choisis un écureuil et s’empressa vite de le dévorer car son ventre criait famine.
Son repas achevé, Clair de Lune attrapa un campagnol et se dirigea vers la caverne de la meneuse : Etoile d’Ajonc.
Celle-ci était réveillée et perdue dans ses pensées au fond de la grotte.
Quand Clair de Lune rentra dans la grotte, elle huma une odeur de peur. Etoile d’ Ajonc avait du faire un cauchemar. La lieutenante déposa le campagnol au pied de la meneuse.

- As-tu fait un cauchemar, Etoile d’Ajonc ? dit-elle.

[Ambroisie > Oui, je m'en inspire beaucoup pour la méchante ! ]

- As-tu fait un cauchemar, Etoile d’Ajonc ?

La voix me fit brusquement tourner la tête. Clair de Lune. Décidemment, ma lieutenante tombait bien. Je la saluais, me demandant si je devais lui parler de cet étrange songe. Mais puisqu'elle était ma lieutenante, je devais lui faire confiance. Nous étions tous concernés par cette nouvelle prophétie dont l'ombre funeste plainait sur les montagnes. Alors, je pris la parole avec un air soucieux.

-Oui, et ce que j'ai vu et entendu ne me dit rien qui vaille. Un danger nous menace. Mais la Tribu de la Chasse Eternelle reste trop vague. Un élu ? Nous n'en savons rien. Espérons que ce ne soit pas trop grave...

Consciente que ce ne serait pas le cas, je déclarais d'un ton las :

- Rentrons au camp.

En entendant son nom, Etoile d’Ajonc sursauta. Clair de Lune se demanda si elle ne l’avait pas trop brusquée. La meneuse semblait bouleversée et troublée par quelque chose que la lieutenante n’aurai peut d’écrire.
L’odeur de la peur empestait ce qui démontrait bien qu’Etoile d’Ajonc avait fais un cauchemar. Cette dernière salua la chatte grise tout en réfléchissant à quelque chose qui paraissait très important. Cachait-elle quelque chose ?
La question tourna dans l’esprit de Clair de Lune, mais la voix de sa meneuse l’arrêta.

- Oui, et ce que j'ai vu et entendu ne me dit rien qui vaille. Un danger nous menace. Mais la Tribu de la Chasse Eternelle reste trop vague. Un élu ? Nous n'en savons rien. Espérons que ce ne soit pas trop grave...

Etoile d’Ajonc restait vague et Clair de Lune compris que ce n’était pas le moment de demander à sa meneuse ce qu’elle avait vue car elle en était encore trop bouleversée. Et puis, elle avait parlé de danger. Etait-ce la Tribu de la Lune Montante ? Non, sûrement pas ! La Tribu de la Chasse Eternelle ne serait pas venue dans les rêves d’Etoile d’ Ajonc pour l’avertir d’un danger qu’elle connaissait déjà.
Et si réellement un danger planait et qu’il y avait un élu, il fallait le trouvait. C’était leur seul chance.

[color=darkblue]- Rentrons au camp[color], déclara Etoile d’Ajonc.

Sur ces paroles, les deux chattes se mirent en route pour leur camp.

F I N

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